Si plusieurs considéraient déjà Black Eyed Peas comme une usine à succès, l’expression n’a jamais été aussi appropriée que pour décrire ce cinquième item à la discographie du groupe (troisième depuis l’arrivée de Fergie et l’ascension commerciale mirobolante subséquente).
Intitulé The E.N.D. (pour «the Energy Never Dies»), cette nouvelle parution est plus une collection de chansons qu’un album. Et ce choix est apparemment volontaire.
Le producteur (et membre du groupe) Will.i.am. avait décidé à l’avance que The E.N.D. allait être un ensemble de maquettes, de versions épurées de chansons simples et grandes ouvertes, en visant bien sur une pléiade de remix possibles, à la fois par le groupe lui-même (une version «The E.N.D. Remix» semble inévitable) que pour les besoins des DJ, clubs, radios, pubs, etc.
Deux ratés
On pourrait alors interpréter ce choix comme étant une preuve d’humilité de la part d’un groupe qui assume pleinement la nature mercantile de son produit. Inutile d’analyser «l’œuvre» outre mesure: Black Eyed Peas propose un party sur disque, de la matière brute pour se faire aller le popotin.
On se demande alors pourquoi Black Eyed Peas s’est entêté à inclure deux titres soi-disant «engagés» vers la fin du disque. Embarrassantes et juvéniles, ces pièces sont d’un désintérêt total.
Avec ses paroles risibles et son approche plus pop rock qui jure avec le reste de l’album, Now Generation «dépeint» une génération avec un camion plein de clichés et une formulation déficiente.
À peine mieux, One Tribe se veut une ode à la tolérance et l’acceptation des différences. Heureusement, le ton plus hip hop convient mieux à l’album, et le rap de Will.i.am. offre un meilleur rythme à cette pièce, mais le ton moralisateur n’apporte rien.
Heureusement pour les fans, ces brefs moments de sérieux ratés n’occupent que deux des quinze plages du disque.
Pour le reste, tous les éléments caractéristiques de la bande sont toujours présents : les paroles plus près du slogan que de la poésie, portées par le chant maladroit de Fergie et le rap du reste de la troupe; les enchaînement d’accords simples et prévisibles, les rythmes énergiques et les airs qui s’accrochent au cerveau dès la première écoute.
Une saveur un peu plus électro qu’à l’habitude – avec beaucoup d’effet «auto-tune» sur les voix – recouvre cet album, ce qui surprend un peu lors des premières minutes.
Sinon, on y retrouve tous les ingrédients pour une autre série de méga-succès radiophoniques (et sur les pistes de danse) et strictement rien pour plaire au mélomane le moindrement exigeant.
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