Critique CD: Garou - Gentleman Cambrioleur


Mercredi, 9 décembre 2009 16h43 par Sorstu.ca
Garou nous réservait une surprise de taille pour son cinquième album studio en carrière. Après avoir embrassé la langue de Sinatra sur le précédent « Piece of My Soul », Garou incarne cette fois son style avec un album bilingue au contenu pour le moins éparpillé et à la facture «crooner moderne».
Mais au-delà du léger changement de registre, c’est plutôt la sélection des chansons de ce Gentleman Cambrioleur qui cause la plus grande stupéfaction.
Tel un Cambrioleur, Garou pige allègrement à gauche et à droite, dans les répertoires français, québécois et anglophones, et fait se voisiner des reprises de Charles Aznavour, Jane Birkin, Cole Porter, U2, Madonna, Rod Stewart, Boule Noire et Ariane Moffatt.  Rien que ça.
Il le fait toutefois en bon gentleman, vous aurez compris!
 
Essais et erreurs
Avec une telle hétérogénéité, le résultat est forcément inégal.
Bien drôle l’idée de reprendre «Sorry » de Madonna en version lounge, et bien que les arrangements soient plutôt réussis, on se détache difficilement de la version originale pour embrasser cette forme qui convient plus ou moins aux textes et à l’air.
Le chanteur s’amuse ferme avec le disco-à-gogo de «Da ya think I’m sexy » de Rod Stewart, mais le plaisir ne suffit pas à garantir un résultat pertinent. Le même constat s’applique au mignon clin d’œil à Ariane Moffatt, Je veux tout, qui marche moins bien.
D’autres tentatives fonctionnent rondement, toutefois.
Les Dessous chics, si libidineuse lorsque susurrée par Jane Birkin, s’avérait être un choix ridicule sur papier, mais Garou a eu le flash d’incarner plutôt le côté pernicieux de Gainsbourg, qui avait écrit la chanson pour sa douce. Le ton de voix est étrangement approprié, et le contre-emploi opère à merveille.
L’entraînant classique des Rita Mitsoukos, C’est comme ça, est également rendu avec une énergie contagieuse et tout juste assez de retenu pour éviter de tomber dans le piège de la surinterprétation (à l’inverse de Sounds of Silence, qui prend des airs inutilement pompeux).
Puis il n’y a pas que des tentatives casse-cou sur ce Gentleman Cambrioleur. La chanson titre (rendue populaire par Jacques Dutronc), par exemple, coule naturellement de la voix de Garou, tout comme «I Love Paris» qui s’interprète très bien en version jazz et Les Champs-Élysées, un brin blues.
C’est une bien drôle de brochette que nous offre Garou. On saluera sans doute le cran qu’il fallait pour assembler un tel menu, même si au final, le résultat est sans doute moins pertinent pour l’auditeur que pour le principal intéressé.
 
Moments forts
Les Dessous chics, C’est comme ça, I Love Paris
Moments moins forts
Sorry, Da Ya Think I’m Sexy, À ma fille, Sounds of Silence
Source: Sorstu.ca