Critique CD: John Mayer - Battle Studies


Mardi, 24 novembre 2009 15h38 par Sorstu.ca
John Mayer rapplique trois ans après l’excellent «Continuum» avec du nouveau contenu empreint d’histoires de rupture, bondé de mélodies sentimentales et brodé d’occasionnels solos de guitare blues rock.  Un album prudent, sage, voire presque trop respectueux du genre pop adulte, mais sauvé par les quelques bijoux qui se détachent du lot.
Le chanteur américain est bien conscient de sa cote de popularité auprès du public féminin et n’hésite pas à exploiter son image de séducteur pour jouer la carte de la romance à fond la caisse, de la convoitise («Edge of Desire») aux blessures de la rupture («Assassin»).

Il s’y consacre d’ailleurs peut-être un peu trop .

Les balades abondent, la production est léchée comme pour évoquer la musique d’ambiance d’un film à l’eau de rose, la voix douceâtre de John Mayer ne se permet que rarement de jouer avec les dynamiques.  

Le problème, en fait, c’est que certaines chansons («All We Ever Do Is Say Goodbye» ou «War of My Life» par exemple) ne semblent pas progresser, pataugeant plutôt dans une sorte de sensiblerie mièvre.  


Les exceptions font l’album

Heureusement, d’autres pièces ressortent du lot, donnant à ce «Battle Studies» suffisamment de matériel valant le détour pour compenser pour les gentilles balades soft rock inoffensives et anodines.

«Assassin», par exemple, démontre très bien ce qui manque cruellement à d’autres titres : après une introduction séduisante (une jolie mélodie de kalimba sur laquelle se pose un rythme sexy), la chanson nous mène vers une section plus rock (à la Dave Matthews) fort réussie.

Souvent comparé à un Eric Clapton pour une nouvelle génération, John Mayer n’hésite pas non plus à endosser le rapprochement en s’attaquant à rien de moins que le «Crossroads» de Robert Johnson, souvent repris par Clapton et sa bande de Cream.

L’exercice est plutôt intéressant, quoi que relativement bref.

Et si John Mayer prend bien au sérieux sa tendre musique, c’est souvent son côté plus polisson qui donne les meilleurs résultats.

Le joli duo coquin avec la nouvelle coqueluche du country pop Taylor Swift, «Half of My Heart», en est un bon exemple. Les deux font la paire, et le rôle gentiment volage de Mayer dans les textes donnent lieu à un joyeux moment sur disque.

Les propos de «Who Says», livrés sur un air folk réjouissant, abondent également en ce sens.

Avec près de la moitié des titres qui valent une écoute, «Battle Studies» mérite certainement l’attention que lui accorderont les amateurs du genre.  Mais avec un tel talent de mélodiste, il est désolant de constater que John Mayer se soit contenté de livrer un album si inégal et, par moment, fort ennuyant.
 
Moments forts :
Half Of My Heart, Assassin, Who Says, Perfectly Lonely


Moments moins forts :
Friends, Lovers or Nothing,  All We Ever Do Is Say Goodbye, War of My Life, Heartbreak Warfare

Cote:

Source: Sorstu.ca