L’Olympia (Montréal) – vendredi 20 mars 2009
La production musicale Sherazade faisait déjà beaucoup de bruit, plusieurs mois avant sa première représentation. De la parution du disque à une présence lors d’un gala de Star Académie, l’équipe de Sherazade s’était assurée que les attentes soient hautes.
Et pour les fans du genre, la production livrera la marchandise.
Signée Félix Gray – le Français à qui l’on doit Don Juan – cette production musicale du célèbre conte est un véritable festin visuel, exécuté avec minutie et qui compte sur une équipe de qualité, à tous les niveaux.
Martin Ferland signe un décor renversant qui se transforme en un rien de temps en divers lieux. L’utilisation de simples rideaux est un bijou d’ingéniosité, bien complété par un travail d’éclairage sans faille.
Les costumes sont tous impressionnants et ajoutent beaucoup de couleurs aux scénettes, tandis que les chorégraphies, réglées au quart de tour, enchantent. Les deux numéros de baladi, quoi qu’accessoires au récit, sont tout simplement époustouflants.
Tout cela est évidemment très bien ficelé par une mise en scène signée Yves Desgagnés, et permet au spectateur de plonger tête première dans cet univers aux accents orientaux.
On y fait la rencontre du sultan Soliman (Philippe Berghella) qui, suite à l’infidélité de sa première femme, en vient à détester toutes les autres. Pour étancher sa soif de vengeance, il épouse chaque jour une nouvelle femme, qu’il tue systématiquement le soir venu.
Sherazade (Rita Tabbakh) tentera de cesser ce cycle de meurtres en lui racontant une histoire sans fin. Fasciné et curieux d’en savoir la suite, Soliman la laissera en vie un jour de plus, puis un autre, et ainsi de suite jusqu'à ce que les deux personnages principaux ne trouvent l’amour et, dans le cas du sultan, la rédemption.
Les contes de Sherazade sont racontés à l’intérieur même du récit, dans une mise en abîme qui permettra de faire la rencontre d’un jeune Aladin (Dominique Hudson) et de sa Jasmina (Caroline Marcoux).
Du muscle autours de l’os
Sorti en octobre 2008, donc plus de quatre mois avant la première mondiale de la pièce, le disque Sherazade: les mille et une nuits dévoilait déjà le plus grand défaut de la production. Les textes des quatorze chansons sont un peu trop candides, voire simplets, ce qui crée un squelette plutôt mince.
Heureusement, la mise en scène et l’interprétation viennent ajouter beaucoup de muscle à la frêle carcasse. Philippe Berghella et Rita Tabbakh se font très convaincants dans les deux rôles principaux. Ils font tous deux preuve de conviction lorsqu’ils entonnent les répliques chantées et parviennent à créer une chimie convaincante entre les deux personnages.
Quelques visages méconnus brillent aussi en rôles secondaires. Caroline Marcoux incarne bien l’innocence et la naïveté de la sœur jalouse de Sherazade, malgré son timbre vocal un peu plus timide que celui des autres interprètes. Cassiopée, au contraire, dégage un charisme qui n’est pas sans rappeler la Diane Dufresne de ses années folles, dans le rôle du mauvais génie.
Presque omniprésent, le danseur Nicolas Gede-Lange ponctue la pièce en incarnant des rôles accessoires qui permettent à la pièce de couler. Un autre bon flash de mise en scène.
En somme, les amateurs de productions musicales à grand déploiement se régaleront de ce Sherazade, à l’affiche à L’Olympia de Montréal jusqu’au début mai.